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COURTINE, Jean-Jacques. Analyse du discours, années zéro: quelques réflexions rétrospectives. Policromias - Revista de Estudos do Discurso, Imagem e Som, [S.l.], v. 1, n. 1, set. 2016. ISSN 2448-2935

Mémoire discursive

p. 11 – “[…]J’ai donc situé au cœur de mon interrogation la notion de mémoire discursive, postulant que toute formation discursive supposait l’existence d’un domaine de mémoire, vaste conservatoire d’énoncés enfouis, certains soigneusement préservés, d’autres endormis ou tout simplement effacés, mais prêts à refaire surface lorsque les nécessités de la lutte politique le réclamait. Je m’appuyais pour cela sur la conception althussérienne des idéologies, sur ce que Pêcheux avait pu formuler de l’interdiscours et du préconstruit, mais surtout sur L’Archéologie du savoir. Chez Foucault, je trouvais l’affirmation la plus forte que la matérialité des discours ne saurait être appréhendée que dans la longue durée historique, à travers les strates successives de ses mutations. L’idée même d’interdiscours, aujourd’hui comme hier, ne me semble avoir aucun sens en dehors de ces longues et patientes reconstitutions historiques où sont repérées dans les discours contemporains les traces parfois manifestes mais souvent enfouies de ceux qui les ont précédés. Le refoulement massif de cette dimension historique est l’une des raisons qui m’ont fait m’éloigner de ce qu’est devenue l’analyse du discours. Mais c’est dans cette même perspective que j’ai continué à entreprendre de vastes enquêtes historiques sur le visage, le corps, la masculinité, et aujourd’hui les émotions. La généalogie des discours y a conservé toute sa place.”.

p. 12 - Mais s’il y a des aspects de ce texte ancien que je ne formulerais plus pareillementaujourd’hui (...) parfois anticipé sur des voies de recherche qui allaient bientôt s’ouvrir :ainsi celle de « mémoire discursive » formulée quelques années avant que la questionde la mémoire collective ne devienne, avec la problématique des « lieux de mémoire »,partie intégrante du programme des historiens. La question se pose toujours, quoique différemment aujourd’hui. C’est la censure totalitaire qui nourrissait hier les craintes d’un effacement de la mémoire collective par la manipulation des discours. La menaceest ailleurs à présent, celle d’une amnésie néolibérale généralisée, alors que les technologies
de la communication soumettent les discours à déferlement continu et une
obsolescence quasi-instantanée. Certains discours étaient hier condamnés au silence ;tous semblent désormais invités à participer au concert continu et anonyme du bruit.

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